dimanche 21 novembre 2010

Kevin Hickel / Arnald Paul

Si vous souhaitez tester la franchise de vos amis, demandez-leur s'ils connaissent un chanteur nommé Kevin Hickel. Ceux qui vous répondrons qu'ils adorent ou qui sortiront une lâcheté du type «Je connais de nom, mais je ne sais plus exactement ce qu'il fait» sont d'abominables menteurs, et vous pourrez les rayer immédiatement de vos contacts Facebook.

Car personne ne connaît Kevin Hickel et personne ne connaît Arnald Paul non plus (puisqu'il s'agit de la même personne). Ce personnage est une énigme, un génie fantomatique dont l'existence ne nous est révélée que par deux ou trois mentions sur internet (aucune photo n'est même disponible). Décidé à éclaircir ce mystère, Infrasons enquête aujourd'hui sur cet homme. Adeptes du journalisme total, nous nous inspirerons du musicologue Tom Hoskins qui, dans les années 60, avait entrepris de retrouver un musicien oublié (Mississippi John Hurt) avec, pour seuls indices, des enregistrements vieux de 35 ans (tout ceci étant raconté dans un article précédent).

Récapitulons les maigres informations dont nous disposons sur le chanteur, ces indices provenant surtout d'un article publié il y a cinq ans sur le site Little Hits.

Originaire de Lawrence, dans le Kansas, Kevin Hickel a officié entre 1986 et 1989 dans le groupe Everywhere. Il y pratiquait une pop psychédélique et carillonnante largement inspirée des Byrds. Depuis, il compose et enregistre des morceaux chez lui, assurant seul l'ensemble des parties instrumentales. À l'exception d'une reprise des Raspberries (sortie en 1996 sur une compilation destinée à rendre hommage au groupe de Cleveland), aucun de ses morceaux n'a été publié.

Rare témoignage de son œuvre, «The Traveling Troupe of Simon Smart (Two Bits)» date, semble-t-il, du début des années 1990. La beauté de cette ballade tanche avec le caractère effrayant de ses paroles puisque Kevin Hickel y déclame le discours de Simon Smart, forain sans scrupule qui appelle la foule à venir voir ses «monstres humains». Pour seulement 50 cents, grands et petits sont invités à se moquer, entre autres, d'un nain de 40 centimètres, d'un géant, de soeurs siamoises et, clou du spectacle, du fameux homme éléphant. Simon Smart insiste : «Si vous pensez que rien ne sort de l'ordinaire dans ce monde, venez jeter un oeil à ces monstruosités humaines».

Rebaptisé Arnald Paul, Kevin Hickel a continué a enregistrer des morceaux dont la ressemblance avec l'œuvre de Syd Barrett est absolument frappante : timbre monocorde, arrangements acoustiques, charme dissonant, mélodies enfantines et psychédéliques, tout rappelle les chansons du premier chanteur-compositeur de Pink Floyd (dont la santé mentale avait provoqué un départ du groupe avant que ses collègues n'empruntent une autre voie musicale et ne connaissent le succès).

C'est le point sur lequel j'aimerais insister : Kevin Hickel démontre un talent épatant sur chacun de ses morceaux. La ressemblance avec Syd Barrett est si étonnante qu'elle me ferait presque penser qu'il s'agit de la même personne. D'ailleurs, personne ne sait ce que Syd faisait vraiment durant les 15 dernières années de sa vie. Soi-disant reclu chez sa mère, je me demande s'il ne faisait pas parfois un petit tour dans le Kansas...

lundi 8 novembre 2010

Janski Beeeats


Janski Beeeats est un personnage de BD créé par le dessinateur Jansé. Pour résumer le synopsis, l'humanité sera décimée dans 1 000 ans par un terrible virus qui transformera la population en monstres dégénérés. Mais une poignée de privilégiés tentera de se soustraire à ces embêtements en se réfugiant dans une citadelle grandiose nommée Tower City. Le visage déformé par le virus, le dénommé Janski tentera alors de pénétrer dans la ville afin de trouver un traitement. Je raconte très mal, mais tout est expliqué ici.

Ce qui nous intéresse surtout à Infrasons, c'est que Jansé est également un bidouilleur électronique et qu'il a créé pour son personnage un véritable univers musical, dans la plus pure tradition chiptune (je vous avais expliqué ce que c'est que le chiptune dans un autre article ; il s'agit d'une scène inspirée par la musique de jeu vidéo des années 1980-90).

Parmi les enregistrements de Jansé, le morceau «Tous les méchants doivent mourir» a, à juste titre, retenu mon attention. Certes, on peut regretter l'excessive longueur du morceau (1 minute 15 avant qu'il ne démarre réellement), défaut récurrent dans la scène électronique (à trop aimer les machines, on les rend trop bavardes), mais une fois le morceau lancé, il est inarrêtable ! Il me fait penser à un Super Mario qui se serait gavé de Juvamine et qui s'entraînerait à la boxe pour aller mettre une raclée à Sonic. Bref, faites attention à l'abus de Juvamine et écoutez plutôt Janski Beeeats.