samedi 25 octobre 2008

Electrelane


--Sussex Machine - Une chronique de Nikki Mod --

Electrelane, groupe majeur formé en 1998, était composé de quatre filles de Brighton présentant des pathologies névrotiques assez prononcées. Elles eurent longtemps la réputation de donner des concerts terrifiants, faits de guitares acérées, de Farfisa apocalyptique, de chants féminins douloureux.

Sans virtuosité individuelle aucune, ces quatre frigides du Sussex commirent quatre albums, comme autant d'hommages à l'ère glaciaire ; tous à peu près aussi parfaits les uns que les autres ; tous utilisables comme «original soundtrack» d'une version trop moderne et sous Prozac des Vacances de Monsieur Hulot ; ou comme bande originale d'une dépression nerveuse, d'une crise de la quarantaine, d'un documentaire sur l'alcoolisme solitaire dans les cités universitaires de Paris et de l'ex bloc de l'Est.

Elles se sont séparées à l'automne 2007. Mais leur âme comme leur esprit doivent demeurer. À l'heure où d'autres écoutent Coldplay, à l'heure où de sombres incultes pensent encore que les «Muse» font du rock, cette heure qui est aussi celle où l'ont met MGMT en générique de Téléfoot faute d'en avoir compris les paroles, voici quelques extraits salvateurs de ce groupe apocalyptique ... Prenez et écoutez, ceci est la parole de Dieu livrée pour ses élus.

«At sea» : par on ne sait quel sortilège, ce morceau évoque les jouissives images d'un tsunami s'abattant sur La Baule un week-end du 15 août.

Electrelane - At sea
(site / acheter No shouts no calls sur Amazon)


«I loved you in the morning, before the sun would come», voilà qui ressemble un peu à des paroles des Kinks, comme d'ailleurs «All the things that I've done go around in my head», sauf que c'est une femme qui chante, qu'elle ne s'apelle pas Davies, et que les deux tiers des mods encore vivants sont atteint d'un cancer incurable du colon. On ne pouvait guère faire mieux compte tenu de l'époque et du climat qui, contrairement à ce que certains prétendent, se refroidit.

Voici «Birds» et «After the call», respectivement issus des deux albums les plus accessibles du groupe, The power out et No shouts no calls, par lequel il faut peut être commencer.

Electrelane - Birds
(acheter The power out sur Amazon)
Electrelane - After the call
(acheter No shouts no calls sur Amazon)

Enfin, parce qu'au fond Electrelane est une musique de résistant, on ne peut passer à côté de cette reprise primitive du Partisan, de Leonard Cohen.

Electrelane - The partisan
(acheter Axes chez Gibert Joseph)


2 commentaires:

Infrason a dit…

J'ajouterai à la chronique de Nikki Mod que, à mes oreilles, la musique d'Electrelane évoque de manière inexplicable l'idée de voyage.

Je ne sais pas pourquoi mais elle me fait penser à des paysages qui défilent, en train, en avion, en fusée ou en je ne sais trop quoi.

Unknown a dit…

Hallelujah, un bel article sur les incroyables Electrelane, dont la carrière a été vraiment trop courte, même si au moment du split elles ont assuré que ça n'en était pas vraiment un, plutôt un période de break prolongée, comme pour mieux faire passer la pilule ! Et moi qui n'ai rien vu venir !!! Bravo en tout cas pour la première chronique de nikki mod sur infrasons (si je ne m'abuse ?). C'est sur que ça m'évoque aussi clairement l'idée de voyage, comme tout ce qui ressemble de près ou de loin à du krautrock.