samedi 13 septembre 2008

Le Tour du Monde des Garages (4) : Turquie


Après le Japon, la Chine, l'Indonésie et l'Inde, le Tour du Monde des Garages poursuit sa marche vers l'ouest pour s'attaquer à la Turquie ou, plus précisément, à sa scène psychédélique du début des années 1970.

Petit aparté tout d'abord pour replacer les choses dans leur contexte : au début des années 1970, le rock anglo-saxon piétinait, suivant en cela et de façon quasi-symétrique l'état de santé des Beatles. Ainsi, lorsque les quatre garçons de Liverpool commençaient à ne plus s'entendre en 1968, c'est l'ensemble de la production musicale qui semblait prendre l'eau ... pour sombrer littéralement à la séparation du groupe en 1970.

L'escadron britannique (Stones, Who, Kinks et consors) qui avait conquis et enchanté le monde décida brusquement d'allonger cheveux et chansons pour servir un rock lourdingue et inintéressant ; tandis que, de l'autre côté de l'Atlantique, les quelques noyaux de résistance (Stooges, Modern lovers) ne pouvaient suffire à sauver la situation.

C'est pourtant à ce moment que le rock ottoman ouvrit ses ailes, s'engouffrant dans la vague psychédélique que les Anglo-Saxons avaient abandonné depuis 3-4 années. Il fallait donc vivre en Turquie à cette époque si l'on était amateur de garage enragé, parsemé de fuzz et de giclées psychédéliques. Petit tour d'horizon de cette scène

Bunalimlar


Bunalimlar («les Crises») semblent avoir traumatisé tous ceux qui eurent l'occasion de les voir ou les entendre. Chevelus excités, ils couraient nus dans les rues de la bonne Turquie en criant «LSD ! LSD !» à tue-tête ; ce qui, vous l'avouerez, n'est pas très intelligent. Musicalement, ce groupe était d'une sauvagerie sans nom, comparable seulement aux Stooges ou au MC5. «Yeter Artik kadin» («Femme aux yeux d'Arctique») et «Tas var köpek yok» («Il n'y a pas d'écuelle pour le chien») devraient vous en convaincre.

Bunalimlar - Yeter Artik kadin


Cem Karaca & Apaşlar


Cem Karaca et son groupe («les Apaches») sont à peine plus modérés que Bunalimlar. Chanteur assez populaire, Cem dut s'exiler en Allemagne à la fin des années 1970 car le gouvernement le tenait pour un dangereux marxiste ; sans doute à cause de sa barbe. Aux dernières nouvelles, il serait mort depuis quatre ans.



Beybonlar

Le psyché instrumental de Beybonlar sonne plus oriental que les morceaux de Bunalimlar ou Cem Karaca ; voilà exactement le genre de sonorités auxquelles on est en droit d'attendre du «rock turc». Ce qui est assez étonnant en revanche, c'est que les membres du groupe avaient entre 11 et 18 ans (11 pour le batteur) ; les Hanson turcs en quelque sorte.



Gönül Yazar


Une curiosité pour finir avec une reprise du «Mon amour, mon ami» (de notre Marie Laforêt nationale) chantée par la dénommée Gönül Yazar. Outre le fait d'avoir été une sorte de Sylvie Vartan locale, cette (fausse) blonde a, semble-t-il, mené une longue et remarquée carrière d'actrice. Ça s'appelle «Çapkin kiz» («Tombeur de filles» si je m'en réfère à mes non-connaissances de la langue ottomane) et c'est plutôt chouette.

Gönül Yazar - Çapkin kiz

PS : Je n'ai pas mis de liens d'achat cette fois car je ne saurais vous dire où trouver ces disques. Vous pouvez toujours remuer ciel et mer pour dénicher la compilation Turkish delights, beat, psych and garage. De plus amples informations figurent sur le site Both kinds of music dont sont extraits plusieurs des liens musicaux figurant ci-dessus.

PS (2) : je plains mes confrères blogueurs turcs qui doivent placer des cédilles et des trémas sur la moitié de leurs lettres. Bravo les gars !

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