jeudi 11 octobre 2007

Le Prisonnier

Même réunis, les fans de Star Trek, X-Files et Thierry la Fronde ne sauraient égaler l'obsession dont font preuve les mordus du Prisonnier. Série symboliste s'il en est, elle les incite aux réflexions métaphysiques et cabalisitiques les plus folles. D'ailleurs, je parie qu'un quelconque fan australien ou tasmanien s'échine en ce moment à compter le nombre de clignements d'oeil du héros à chaque épisode ; et ce, pour comprendre le sens caché de la série.
Le Prisonnier, c'est d'abord l'oeuvre d'un homme : Patrick McGoohan, le concepteur, réalisateur, acteur. Il incarne un agent secret (britannique, comme il se doit) qui, après avoir donné sa démission, est enlevé et transféré dans un mystérieux Village. Ce lieu rassemble des personnes importantes (scientifiques, diplomates, militaires) qui, pour des raisons inconnues, ont été mis à l'écart de la société (un peu comme les évaporés dans 1984), chacun n'étant plus désigné que par un numéro (le Numéro 6 est attribué au héros). Le Numéro 6 apprend rapidement la raison de son enlèvement : ses gardiens veulent savoir pourquoi il a démissionné.
Chaque épisode est un bras de fer entre les gardiens (qui essaient de le faire parler) et le Numéro 6 (qui tente de s'enfuir), les deux parties faisant preuve d'une imagination remarquable, voire franchement diabolique. À cela s'ajoute le refus du héros de se conformer aux règles de vie infantilisantes du Village. À titre personnel, je dirais que, si la qualité des épisodes reste inégale, certains sont tout bonnement extraordinaires ("Le retour", "Le marteau et l'enclume" ou "Double personnalité". DVD disponible à Gibert Joseph).
La bande son (Amazon) retrace parfaitement la tension qui règne dans la série. Très éclectique, elle comprend aussi bien les fanfares du Village, du jazz que d'inquiétants morceaux futuro-avant-gardistes. Et puis dans le "Carillon de Big Ben", il y a ce petit morceau à la guitare classique ; tout simple et très beau (signée P. Aliprandi).

P. Aliprandi - Village curfew (ou Lullbay for Isabelle)


La série fut, par la suite, une source d'inspiration pour plusieurs musiciens, le meilleur hommage restant celui des Teenage filmstars en 1980. Cette joyeuse bande d'allumés, emmenée par Ed Ball et Dan Treacy, commençait à cette époque à enregistrer leur pop mod-psyché-lo-fi sous divers noms (O Level, Swell Maps et surtout les fameux Television personalities dont je reparlerai un jour). Quiconque a vu la série trouvera ce "I helped Patrick McGoohan escape" jouissif : une entrée pompée sans vergogne sur le "Keep on running" du Spencer Davis group, le "Oooouuu!!!" Beatlesque (façon "Twist and shout"), le dialogue entre le N°2 et le N°6, et puis le descriptif détaillé de l'évasion (en bus, en bateau et en train jusqu'aux USA)! Le morceau est proposé sur l'excellent site des Mod Pop Punk Archives.

(Acheter sur Amazon)

Autre hommage au Prisonnier, le clip du sautillant "Alright" de Supergrass. Tourné à Portmeirion (lieu de tournage de la série), il comporte plusieurs clins d'oeil à l'oeuvre de Patrick McGoohan.


Et pour ceux qui ne connaîtraient absolument pas la série, je recommande deux vidéos ToiTube qui en compilent des extraits. La première ("The Poisoner") s'apparente à un clip qui, comme son nom l'indique, s'attache à l'aspect psychotropique du Prisonnier (Numéro 6 subissant régulièrement les drogues de ses gardiens). La seconde ("Classic Prisoner") reprend certains des meilleurs passage de la série. Aspect rigolo : le montage a été réalisé avec suffisamment d'habileté pour laisser croire que le Numéro 6 est homo!

(vidéo) The Poisoner

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